Comment les Romains prouvaient-ils leur citoyenneté romaine?

Dans la Rome antique, les passeports, cartes d'identité et autres formes modernes d'identification n'existaient pas. Comment les Romains prouvaient-ils leur citoyenneté dans un monde sans photos, sans passeports biométriques et sans ordinateurs?

Prouver sa citoyenneté était en fait quelque chose d'assez important dans la Rome antique. Le fait d'être citoyen ou non déterminait les droits d'une personne et cela pouvait même signifier le droit d'être libre. L'esclavage est aujourd'hui considéré comme immoral mais dans le monde antique, l'esclavage était la norme plutôt que l'exception. Au début du 1er siècle après JC, seulement cinq millions sur les plus de cinquante millions d'habitants de l'Empire romain étaient des pleins citoyens romains libres 1.

roman toga

Statue d'un jeune Romain portant la toge
(20–30 apr. JC) CC BY-SA 3.0

Les citoyens romains avaient de nombreux privilèges et droits

Etre citoyen romain, c'était comme faire partie d'un club spécial avec de nombreux privilèges et droits. Un citoyen avait des droits qu'un non-citoyen ou un esclave n'avait pas. Avant tout, il avait le droit d'être libre. Il avait le droit de vote et le droit de servir dans l'armée. Il pouvait profiter de diverses formes de divertissements, par exemple le théâtre. Il était exempté de certaines formes d'impôts telles que l'impôt foncier perçu dans les provinces 1. Il avait toute la protection du droit romain lorsqu'il faisait face à la justice dans des villes de province en dehors de l'Italie, lorsqu'il signait des contrats, lorsqu'il achetait ou héritait des biens ou même lorsqu'il se mariait, notant que le mariage entre non-citoyens, ou entre un citoyen et un non-citoyen, n'était pas reconnu par la loi romaine! Un citoyen romain était épargné des peines romaines les plus extrêmes, y compris des formes d'exécution telles que la crucifixion.

Différents niveaux de citoyenneté romaine

Les citoyens romains étaient généralement plus estimés que les non-citoyens, même ceux qui étaient d'origine esclave. Cependant, il y avait différents niveaux de citoyenneté romaine avec différents droits qui leur étaient associés.

Cives romani: Les cives romani étaient des citoyens romains à part entière. Ils étaient subdivisés en deux catégories: les non optimo iure avaient des droits de propriété et de mariage tandis que les optimo iure avait également le droit de voter et de participer à la politique.

Latins: Les Latins étaient une tribu de Latium au centre de l'Italie qui tombèrent sous le contrôle des Romains à la fin de la Guerre Latine (340-338 av. JC) et le terme Latini finit par inclure aussi des personnes d'origine non-latine. Les Latins détenaient un certain nombre de droits similaires aux droits des citoyens romains (les Droits Latins ou ius Latii en latin) mais ils n'avaient pas le droit de se marier (ius connubii).

Socii:Les Socii ou Foederati étaient des citoyens d'États qui avaient avaient certains droits en échange de niveaux convenus de service militaire.

Après la Guerre Sociale (91-88 av. JC), la Lex Julia fut adoptée en 90 av. JC donnant la pleine citoyenneté romaine à tous Latini et socii de la péninsule italienne (et à tous les États socii qui n'avaient pas participé à la Guerre Sociale).

Provinciales et affranchis: Les provinciales étaient des gens de province qui étaient sous contrôle ou influence romaine, mais qui n'avaient que des droits fondamentaux selon le droit international (ius gentium). Les affranchis étaient d'anciens esclaves qui avaient acquis leur liberté mais qui n'avaient pas automatiquement la citoyenneté romaine. Leurs enfants par contre étaient des citoyens libres dès leur naissance.

Le réseau relationnel, la culture, plutôt que les papiers, servaient à prouver la citoyenneté d'une personne

Les Romains ne portaient pas constamment avec eux de cartes d'identité ou de documents prouvant leur citoyenneté. Ce qui prouvait la citoyenneté d'une personne était avant tout son réseau relationnel et sa position dans la société. La plupart des citoyens romains étaient membres d'une famille, d'une tribu et d'une gens. Par exemple, si les parents d'une personne étaient citoyens romains, les gens savaient automatiquement que la personne en question avait aussi la citoyenneté. À l'exception des Romains des classes sociales inférieures, les citoyens romains devaient participer aux fonctions publiques de l'État et parce que ces postes ne pouvaient être occupés que par des citoyens, il n'était pas nécessaire de prouver sa citoyenneté.

En cas de doute sur la citoyenneté ou la réputation d'une personne, n'importe qui pouvait se renseigner auprès de son entourage, ce qui est logique si l'on tient en compte le fait que la société romaine était une société ou peu de gens savaient lire et écrire. Dans une petite ville, le bouche à oreille était souvent le seul moyen de prouver la citoyenneté d'une personne.

Le language et les vêtements jouaient également un rôle important. Un individu qui parlait bien le latin, qui se comportait et s'habillait d'une certaine manière, affichait son identité romaine. Seuls les Romains pouvaient porter la toge et il était strictement interdit aux non-citoyens, aux étrangers, aux affranchis et aux esclaves de la porter sur les territoires romains. Les hommes de carrière infâme (par exemple les acteurs) ou de réputation honteuse n'avaient également pas le droit de porter la toge.

Noms romains

Les noms romains étaient aussi un signe de citoyenneté romaine. Ils étaient un moyen d'identifier immédiatement le statut d'un individu, son clan et sa famille. Les noms romains traditionnels pour les citoyens romains se composaient de trois noms (et non de deux comme c'est habituellement le cas aujourd'hui): le praenomen, le nomen et le cognomen. Le nomen était le nom du clan. Le praenomen distinguaient les membres individuels du clan tandis que le cognomen était le prénom. Le cognomen était comme un surnom (par exemple Superbus, «le fier», Maximus, «le noble», Crassus, "le gras"). Au cours de la République, les cognominia étaient généralement peu flatteurs et ce n'est que pendant l'Empire romain que les cognominia flatteurs devinrent populaires. Dans les plus grands clans, le cognomen aidait à distinguer les membres du clan et ressemblait plus à un nom de famille et le agnomen,un quatrième nom, était ajouté pour distinguer des personnes avec le même cognomen. Le cognomen était aussi comme un surnom lié à la personnalité, le physique ou les réalisations d'un individu. Ci-dessous des exemples de noms romains:

GaiusJuliusCaesar
praenomennomencognomen


MarcusLiciniusCrassus
praenomennomencognomen


PubliusCorneliusScipioAfricanus
praenomennomencognomenagnomen


Le nom Africanus, dans le dernier exemple, est lié aux victoires de Scipion en Afrique du Nord.

En 24 après JC, l'usage de trois noms (tria nomina) devint une infraction criminelle si une personne n'avait pas la citoyenneté romaine et l'usage du tria nomina par les non-citoyens était considéré comme un type de falsification. Les provinciaux utilisaient habituellement un ou deux noms (leur nom et le nom de leurs pères) et il était très courant pour les gens des provinces d'avoir qu'un seul nom. Les esclaves n'avaient généralement qu'un nom, soit leur nom avant de devenir esclaves, soit le nom qui leur avait été assigné par leur maître. Après avoir reçu sa liberté et sa citoyenneté romaine, un esclave mâle adoptait le praenomen et nomen de son maître et gardait comme cognomen son nom d'esclave ou le changeait pour un nom latin (ou un nom qui sonnait latin) 1.

Tribus, recensement romain, certificats de naissance, octrois de citoyenneté

Le recensement (du mot latin censere) était effectué tous les cinq ans et servait à identifier les citoyens romains. Son objectif était d'enregistrer tous les citoyens et leurs biens afin de leur imposer des taxes. Le premier recensement remonte au 6ème siècle avant JC pendant le monarchie romaines et le règne du roi Servius Tullius. A cette époque, le nombre de citoyens romains était seulement d'environ 80 000. Le rôle du recensement romain était de compter la population, de superviser certains aspects des finances du gouvernement 8 et ... de surveiller la moralité publique (regimen morum), d'où le sens moderne du mot "censure". Le pouvoir du censeur était absolu et aucun autre magistrat ne pouvait s'opposer à ses décisions.

Les tribus maintenaient des listes de tous leurs membres. Les censeurs appelaient chaque tribu séparément et prenaient les noms des membres de chaque tribu selon ces listes tribales. Le paterfamilias devait ensuite comparaître en personne devant les censeurs qui étaient assis sur des chaises curules et devaient déclarer sous serment («déclarer du fond du cœur») les noms des membres de sa famille et de tous ses biens (par exemple, emplacement et description du terrain, nombre d'esclaves, etc). Ces listes officielles formaient les Tabulae Censoriae qui étaient déposées dans l'aérarium, dans le temple de Saturne, (autrefois dans l'Atrium Libertatis et plus tard fois dans le temple des Nymphes).

Si la citoyenneté romaine d'une personne était en doute ou si une preuve de citoyenneté était nécessaire pour une transaction, une recherche pouvait facilement être effectuée pour vérifier le nom sur la liste du dernier recensement. Les témoins, habituellement des membres de la tribu, devaient également confirmer la citoyenneté de la personne en question, gardant toujours à l'esprit que les photos n'étaient pas disponibles à l'époque! De temps en temps, un affranchi (libertus) ou même un étranger se faisant passer pour un citoyen portant la toge était déniché lors du recensement. La peine pour fausse revendication de citoyenneté était très sévère. Selon Suétone, la punition était la décapitation par hache. Les Romains prenaient la citoyenneté très au sérieux!

Certificats de naissance

L'enregistrement des naissances fut introduit sous le règne d'Auguste (27 av. JC - 14 ap. JC) en l'an 4 après JC. Un citoyen romain déclarait la naissance de son enfant dans les trente jours après la naissance auprès d'un fonctionnaire romain. La déclaration de naissance n'était pas obligatoire contrairement au recensement et une personne sans déclaration de naissance ne perdait pas automatiquement sa citoyenneté romaine.

Suite à la déclaration de naissance, le citoyen recevait un diptyque en bois avec des surfaces cirées à l'intérieur qui agissait à la fois comme un certificat de naissance et un certificat de citoyenneté pour l'enfant. Le diptyque en bois était d'environ 18cm de haut et de 15cm de large, et les surfaces cirées indiquaient la date de naissance, le nom de sept témoins et l'abréviation q. p. f. c. r. e. ad k. (les lettres c.r.e signifiaient cieum romanam/num exscripsi/t) indiquant la possession de la citoyenneté romaine. Le diptyque pouvait être utilisé à vie pour prouver la citoyenneté et était écrit seulement en latin jusqu'à l'époque de l'empereur Severus (222-235 apr. JC) 2.

Si un enfant vivait dans les provinces, son père ou un agent dûment nommé, faisait une déclaration (professio) devant le gouverneur de la province à l'état-civil (tabularium publicum). Au cours de son professio le père ou l'agent déclarait que l'enfant était citoyen romain. Le professio était inscrit dans le registre des déclarations (album professionum) 3. Le père ou l'agent recevait alors un diptyque en bois qui était la copie privée certifiée du professio et qui contenait les noms de sept témoins.

roman military diploma

Diplôme militaire romain (107 apr. JC) pour Mogetissa,
un soldat romain
CC BY-SA 3.0

Octroi de la citoyenneté pour les soldats, les provinciaux et les esclaves affranchis

À partir de l'an 52 après JC, les non-citoyens (peregrini) auxiliaires de l'armée romaine obtenaient la citoyenneté romaine après 25 années de service. Ils recevaient un diploma civitatis qui consistait de deux plaques de bronze attachées. Le côté extérieur de la première plaque certifiait que le détenteur avait servi dans l'armée romaine et avait reçu la citoyenneté romaine et le côté extérieur de la deuxième plaque affichait les noms de sept témoins. Le texte gravé sur le côté extérieur des plaques était reproduit exactement sur les côtés intérieurs des plaques. Les plaques étaient ensuite été fermées et scellées avec des joints protégés par des bandes métalliques. Un ancien combattant qui prenait sa retraite dans les provinces présentait le diploma au bureau des documents publics où un officiel brisait les sceaux et confirmait que les inscriptions internes correspondaient aux inscriptions externes. Le fonctionnaire entrait alors le nom de l'ancien combattant sur le registre qui contenait la liste des citoyens romains résidents.

Un esclave libéré prenait le praenomen et nomen de son maître et gardait son cognomen c'est-à-dire son nom d'esclave sauf s'il decidait de le changer en un nom de résonance plus latine 1. L'affranchissement des affranchis était enregistré dans un document du nom de tabella manumissionis 4. Par conséquent, les affranchis avaient également des preuves documentaires de leur statut.

Comment les Romains prouvaient-ils leur citoyenneté lorsqu'ils voyageaient à l'étranger?

Avant d'aborder cette question, il convient de noter que la plupart des citoyens romains ne voyageaient pas beaucoup. La Rome antique et le monde antique étaient très différents du notre. Dans la Rome antique, voyager n'était pas courant pour le Romain moyen, et seuls les soldats et les commerçants parcouraient de longues distances. En outre, l'étranger pour un Romain moyen signifiait les provinces gouvernées par Rome. Voyager en dehors des territoires de Rome, où l'on pouvait être capturé et réduit à l'esclavage, était risqué sauf si l'on connaissait des personnes pouvant assurer notre sécurité.

Pour prouver leur citoyenneté romaine à l'étranger, les Romains pouvaient présenter un document prouvant leur citoyenneté ou leur acte de naissance, ces deux documents étant sous la forme de diptyque mentionné précédemment, le diptyque étant assez petit pour être porté par les citoyens quand ils étaient en dehors de la ville 1. S'il y avait des doutes concernant la personne qui prétendait être de citoyenneté romaine ou sur le document lui-même, les témoins pouvaient être convoqués 5.

Cependant, il n'était pas toujours facile de trouver des témoins très loin dans les provinces. Par exemple, en 70 av. JC, Verres, le gouverneur corrompu de Sicile, remit en question la citoyenneté de Gavius. Gavius, un citoyen romain de Compsa, avait protesté au sujet du traitement des citoyens romains en Sicile. Selon Cicéron, Gavius ​s'était exclamé qu'il était citoyen romain et qu'il avait servi dans l'armée romaine sous le chevalier romain Lucius Raecius qui était alors à Panhormus (aujourd'hui Palerme). Gavius fut toutefois crucifié (un type d'exécution interdite aux citoyens romains) 6.

Verres dut finalement faire face aux conséquences de ses actions et fut jugé. Cela nous montre que ce qui importait le plus dans le monde romain était le réseau social d'un citoyen plutôt que son statut légal. Le réseau social d'un citoyen pouvait imposer des conséquences et les gouverneurs de province / les autorités étrangères devaient se méfier des conséquences avant de malmener un citoyen, en particulier un citoyen romain appartenant à la classe supérieure. Plus que la preuve documentaire, les liens du citoyen importaient le plus.

Qu'arrivait-il à un esclave en fuite dans la Rome antique? Un esclave fugitif devait courir ... assez vite loin de sa ville et de son maître. Dès qu'un esclave prenait la fuite, des annonces promettant des récompenses contenant une description précise de l'esclave étaient affichées dans des lieux publics. Des chasseurs d'esclaves professionnels étaient embauchés et toute personne hébergeant un esclave était punie.

De plus, l'esclave devait trouver de la nourriture et un abri et ... du travail. S'il était capable d'atteindre une nouvelle ville ou même une ville comme Rome, les gens pouvaient un jour remettre en question son identité, au moins tous les cinq ans lors du recensement. L'esclave devait alors fournir des preuves documentaires de son statut. La plupart des esclaves ne pouvaient pas lire et écrire pour truquer un document officiel et si l'esclave se faisait attraper (et s'il n'était pas exécuté), il se faisait marquer sur le front les lettres "FUG" pour fugitivus. Cependant, certains esclaves arrivaient à s'échapper dans les provinces lointaines mais les périls le long du trajet étaient énormes!

Conclusion

Les passeports, cartes d'identité et autres formes modernes d'identification n'existaient pas dans la Rome antique. Cependant les Romains avaient des certificats de naissance, des documents indiquant la citoyenneté, des diplômes militaires, qu'ils pouvaient transporter et qui pouvaient tous servir de preuve de citoyenneté. En fin de compte, ce qui importait le plus était le réseau social d'une personne qui pouvait confirmer son statut et sa réputation et la protéger dans les provinces. Même si les formes modernes d'identification n'existaient pas, il était assez difficile de passer pour un citoyen romain dans un monde où les gens se connaissaient et où voyager était l'exception plutôt que la norme. Les Romains prenaient la citoyenneté très au sérieux et la punition reservée à ceux qui pretendaient être romains était si dure que la plupart des gens ne s'y risquaient pas!

Faits incroyables sur la citoyenneté romaine
  • L'Etat romain enquêtait le meurtre d'un citoyen romain mais pas celui d'un non-citoyen
  • Un citoyen ne pouvait pas être battu sans le bénéfice d'un procès et il ne pouvait pas être torturé.
  • Les femmes romaines avaient une forme limitée de citoyenneté romaine: elles n'étaient pas autorisées à voter ou à occuper des fonctions publiques.
  • Les droits des citoyens romains lorsqu'ils migraient vers d'autres villes dépendaient du statut de la ville. Par exemple, s'ils migraient vers un État ou une colonie latine, ils perdaient certains de leurs droits (comme le droit au mariage).
  • Pendant la République, les citoyens ne pouvaient pas avoir la double citoyenneté. Un provincial devenu romain devait renoncer à sa citoyenneté.
  • Une personne qui était absente lors du recensement était considérée comme incensus et sujette à la peine la plus sévère, y compris l'esclavage, l'emprisonnement et la mort.

REFERENCES

  1. The Greco-Roman World of the New Testament Era: Exploring the Background of Early Christianity (James S. Jeffers, IVP Academic, 1999)
  2. Roman Registers of Births and Birth Certificates. Part II. (Schulz Fritz, The Journal of Roman Studies Vol. 33 parts 1 and 2, 1943)
  3. Paul: Apostle of Free Spirit (F.F. Bruce, Exeter:Paternoster, 1977)
  4. The Roman Citizenship (Sherwin-White, 2d ed. Oxford: Clarendon Press, 1973)
  5. The Book of Acts and Paul in Roman Custody (Brian M. Rapske, Eerdmans, 2004)
  6. The Verrine Orations I: Against Caecilius. Against Verres (Cicero, Part I Part II Books 1-2 Loeb Classical Library, 1928)
  7. Roman Dress and the Fabrics of Roman Culture (Jonathan Edmondson, University of Toronto Press, 2009)
  8. The Roman Censors: A Study on Social Structure (Suolahti, J. 1963)
  9. Being a Roman Citizen (Jane F. Gardner, Routledge 1 edition, 2010)

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